Remonter un fleuve de l’estuaire à la source symbolise un retour aux origines, une quête d’introspection, de vérité ou de renaissance. On peut y voir une métaphore de la quête spirituelle, du déconditionnement, ou de la reconstruction de soi.
Descendre un fleuve de la source à l’estuaire, comme un mouvement inverse, évoque un lâcher-prise, un accomplissement, une progression vers l’ouverture, vers la mer qui représente l’infini, l’inconnu, une dissolution dans quelque chose de plus vaste.
Ces deux mouvements s’opposent et se complètent comme les deux phases d’un même cycle : connaissance de soi et ouverture aux autres et au monde.
Nous avons longé et franchi maintes fois la Loire, Les nombreux ponts qui l’enjambent permettent de changer de rives au gré des lumières dans le vignoble ou au fil des châteaux et des villes historiques comme Saumur, Tours, ou Orléans. Chaque courbe, chaque méandre est une remontée vers l’histoire et la préhistoire de France, vers des paysages à la beauté lente et majestueuse.
Un peu après Orléans, la Loire s’infléchit et « descend » Sud Sud-Est. La vallée se resserre lentement. À partir de Nevers, la Loire devient plus sauvage, plus intime. Elle nous entraîne à travers les Monts du Forez, jusqu’à la Haute-Loire, sur des routes sinueuses entre gorges et plateaux. Enfin, Le Monts Gerbier-de-Jonc, apparait majestueusement à la sortie de Sainte Eulalie.
Basés à l’auberge du Bachasson, ces trois jours en Haute Ardèche, nous ont offerts de sublimes paysages et de très belles rencontres. Il était alors temps de poursuivre notre chemin vers le Sud, et franchir cette fois les hautes terres de l’Ardèche et du Massif central. La route est tout aussi sauvage. Rouler au sommet des reliefs, entre sucs volcaniques, forêts, et vastes plateaux, pour rejoindre la source du Lot, non loin du Mont Lozère offre des paysages variés et des lumières pures et changeantes.
Les sources du Lot resteront un mystère puisque nous n’avons pas trouvé le jaillissement originel. Nous avons trouvé, tout proche, la naissance de cette rivière descendant la ligne de plus grande pente. Le Lot, plus discret que la Loire, serpente au fond de gorges encaissées, puis traverse des villages de pierre dorée, des bastides discrètes, Le paysage devient plus méridional aussi.
Mende, Espalion, Entraygues-sur-Truyère, Cajarc, Saint-Cirq-Lapopie, Cahors… La lumière change, l’air se fait plus chaud, les routes plus sinueuses pour notre plus grand plaisir de rouler à moto.
A sa confluence à Aiguillon, le Lot rejoint la Garonne. A la croisée des eaux, le chemin parcouru, de l’estuaire à la source de la Loire, puis de la source du Lot jusqu’à sa confluence, nous est apparu comme une mission accomplie. Il ne nous restait plus qu’à rentrer plein Nord vers la Bretagne en prenant toujours le temps de flâner sur cette route du retour.
Nous retiendrons enfin la gentillesse de nos hôtes et leurs hébergements insolites qui ont ponctuées notre parcours. Chaque lieu respire d’une véritable envie d’accueillir les voyageurs et de s’assurer de leur bien-être. Nous retiendrons : Les gîtes communaux de Bréhémont et de Coulonges sur l’Autize, le Gîte des Artistes, le Champs Bonheur, les Roulottes des Gamines, le Relai de Pasturat, l’Auberge de jeunesse d’Estaing.
Fatigués au retour à la maison, mais, une fois le paquetage lavé, le matériel rangé, la moto nettoyée, l’envie de repartir est très vite réapparu. C’est quand qu’on va où ?